... M’asseoir à ma table, avec en tête un vague projet, peut-être une image, une personne, un tapis, … Laisser mon imagination guider ma main, sans rien attendre de précis si ce n’est un certain esthétisme … une certaine harmonie.

Côtoyer le réel, flirter avec le fantastique et provoquer l’imaginaire. Ainsi surgissent les feux d’artifices de couleurs, de traits, de formes et, parfois, de détails. Laisser au spectateur la liberté de trouver un sens, de rêver, de se raconter une histoire, SON histoire.





Ayant grandi dans une famille à forte sensibilité artistique, je suis depuis toujours en contact avec le monde artistique, via des expositions, des livres et des magasines, etc. Plutôt que de l’art brut¯ je fais de l'art singulierT.

¯ « production spontanée et inventive d'œuvres échappant aux normes culturelles ». Ce terme, inventé par l'artiste Jean Dubuffet, désigne les créations d'autodidactes, de déviants mentaux, ou de médiums, réalisés en dehors des circuits artistiques et des standards esthétiques classiques. Ces œuvres proviennent d'une liberté instinctive et d'une richesse intérieure propre à l'artiste, sans influence des traditions artistiques. 

• mouvement artistique contemporain regroupant des créateurs autodidactes ayant pris de la distance avec l'art académique officiel souvent très intellectualisé. Ils sont en général impulsifs, spontanés et très ancrés dans le vécu émotionnel, interpellant ainsi de façon plus vivante le monde de l'art. 

La plupart du temps, au fur et à mesure de l'avancée de mon œuvre, ma création prend des formes et des couleurs inattendues, construisant peu à peu un tout que je juge harmonieux. C'est comme aménager un jardin: chaque fleur, chaque feuille, chaque couleur doit trouver sa place dans une équilibre qui me convient. J’ose, je risque, je corrige, sans trop réfléchir, cherchant un lâche prise sur le résultat … Par exemple, en me tenant à mon premier choix de couleur, de pointe de plume, de pinceau ou de marqueur. 

Dessiner ou peindre à la main est certes contraignant et prend du temps, mais cette technique m’enrichit car ainsi mes œuvres sortent d’on ne sait où, inattendues et imprévisibles. Il me faut sans cesse m'adapter au cadre et à l'instant, oser, innover, dire stop, prendre de la distance et me ressourcer pour mieux revenir. J'essaie de ne pas trop réfléchir. C’est un peu comme si ma main savait ce qu’elle devait faire.

Quel sens à donner à ma créativité/ mon art?

De manière générale l’art n’a pas d’utilité précise si ce n’est celle d'éveiller des résonances intérieures, des sentiments plus ou moins teintés de poésie, chez l’artiste comme chez le spectateur. Il permet de s’échapper et de ressentir autre chose. Comme le disait Picasso " un tableau ne vit que par celui qui le regarde". Si un lien se créer entre une œuvre et celui qui la regarde, elle trouve toute sa dimension. Le vrai créateur de mes œuvres est celui qui les regarde ... Mon art est une invitation au voyage. Je cherche à donner à mes œuvres une forme de beauté dynamique, puissante ou douce qui interpelle, attire, repousse mais provoquera toujours une réaction chez l’observateur. Quitte à bousculer l’ordre établi, pour montrer et créer de nouveaux chemins …

Mes œuvres illustrent mon besoin de rompre avec le quotidien, mon désir de me distancer se retrouvent dans mes créations. Ce besoin de m’évader de ce monde qui, bien que riche et nourrissant mais aussi complexe et déroutant, m’a tourneboulé, me poussant à devenir qui je suis : une personne un peu à part, avec son jardin secret (… pas toujours conscient) qui guide ses mains et sa créativité.

Mon art reflète ma curiosité, ma quête d’harmonie, ma fascination devant les détails, mon amour du dissymétrique, du fantastique, des surprises et du jeu avec les limites entre le réel, la normalité et l’imaginaire. J’aimerais susciter tout cela chez l’autre … Mon travail invite à ralentir, à observer, à ressentir, à prêter attention aux détails, à réévaluer notre rapport au temps, à l’objet, à l’autre.

Vous avez dit technique ?

Ma technique est la mienne. Aucune formation, aucun maître, rien … Parfois je me demande d’où sort ce que je crée.

Au début je partais sans idée préalable et dessinais au gré des vents. Depuis quelques années, je pars souvent avec une idée, dans les grandes lignes, de ce que je veux faire. Puis j’esquisse, je trace des traits, je gomme, je regarde de loin, je complète, je rafistole, etc. Ma création prend des formes et des couleurs inattendues, de devenant peu à peu un ensemble cohérent. Pour moi en tout cas. L’assemblage de détails, de formes, de points, de minuscules traits et de couleurs, etc. crée l'effet final. Ma main sait ce qu’elle a à faire …

Une seule œuvre peut me prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Je suis passée maître dans l’art de maquiller taches, ratures et autres maladresses, comme faire une tache ou renverser un flacon d’encre. Si de telles bévues devaient arriver quelle serait ma peine de devoir jeter une œuvre créée sur plusieurs heures. Il me faut à tout prix essayer de rattraper les dégâts : je maquille, dissimule, enjolive une tache, une rature ... Je mets une boucle d’oreille par-ci, grossit le trait par-là, change la forme ou le remplissage encore là ….

Inspiration quand tu me parles …

Un tissu, la forme ou l’ornement d’une feuille ou d’un pétale, une ferronnerie sur la porte d’un immeuble, un détail dans un tableau, un vitrail, un pavage d’une ruelle, un détail dans un livre de botanique, la silhouette particulière d’un tronc, le jeu des couleurs dans le paysage, … Tout peut être source d’inspiration pour moi. J’ai des centaines de photos pouvant m’inspirer un dessin ou un motif.

Mais inspiration seulement. Ces sources je les insère dans mes dessins, bout par bout, et, amalgamées, elles me permettent de construire mon œuvre qui, au final, est très éloignée de la réalité. On n’en reconnaît plus aucune.